Présentation de la zone Arctique

Publié le 06 11 2007

Introduction

Grossièrement, l’Arctique est la région située au nord de la Terre, à l’intérieur et aux abords du cercle polaire arctique. Le nom d’Arctique provient de la constellation de la Grande Ourse, située au nord (arctos = ours). Cette région comprend l’océan Arctique, dont une grande partie est gelée en permanence (banquise) et le nord des terres qui l’entourent : péninsule Scandinave, nord de la Russie et de la Sibérie, de l’Alaska, du Canada, le Groenland, le Spitzberg, etc. La situation géopolitique de l'Arctique est très différente de celle de l'Antarctique. En effet, les territoires sont tous possessionnés par les pays entourant l'océan Arctique (Norvège, Russie, Canada, etc.).

Si l'océan Arctique (13.000.000 de km² et plus de 4.000 m de profondeur) est parfaitement délimité, comment fixer la frontière des régions arctiques terrestres ? Est-ce le cercle polaire, la limite des arbres ou bien celle du sol constamment gelé en profondeur, le pergélisol ? La réponse la plus couramment admise est la ligne à l'intérieur de laquelle la température de l'air ne dépasse jamais 10°C durant le mois le plus chaud (juillet). Cette isotherme, appelée ligne de Köppen, coïncide relativement bien avec le passage des arbres (taïga) à la toundra. Ainsi, l'Arctique s'étendrait sur une surface d'environ 24 millions de km², dont 17 d'océan, un peu plus de 3 de continent et près de 4 d'îles éparses, des Aléoutiennes au Labrador, son diamètre maximum dépassant 7.000 km.

L'océan Arctique

L'océan Arctique, ou océan glacial Arctique, s'étend sur une surface de 13 millions de km² environ, ce qui en fait le plus petit océan du globe, et jusqu'à plus de 4.000 m de profondeur. Il recouvre l'ensemble des mers situées entre le Pôle Nord et le nord de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique. Il communique avec le nord de l'océan Atlantique, recevant de grandes masses d'eau à travers la mer de Barents et le détroit de Fram. Il se trouve également en contact, mais plus étroitement, avec l'océan Pacifique à travers le Détroit de Bering.
La circulation de l’eau dans l’océan Arctique joue un rôle important dans le régime océanique global et dans la régulation du climat mondial, notamment par ses échanges thermiques avec l'atmosphère. Quand les eaux relativement chaudes et salées de l’océan Atlantique (le Gulf Stream par exemple) atteignent l’océan Arctique, qui est froid, leur densité augmente avec la baisse de la température, et elles s’enfoncent dans des couches plus profondes. Ce processus de formation d’eaux profondes, appelé "circulation thermohaline" (de thermos, chaud, et halos, sel), est lent, mais a lieu sur d’immenses surfaces. Chaque hiver, plusieurs millions de km³ d’eau s’enfoncent ainsi vers des zones plus profondes, ce qui déplace lentement l’eau vers le sud, au fond de l’océan Atlantique. Le lent brassage des océans a été représenté par les océanographes par un "tapis roulant" à l’échelle du globe. De nombreux autres courants (de surface, profonds et de profondeur intermédiaire) circulent selon un schéma complexe dans l'océan Arctique. Ce sont notamment des courants de surface dits "courants de Nansen" qui font dériver la banquise.
L'océan Arctique est en grande partie recouvert par une banquise épaisse dont l'extension varie suivant les saisons. Elle est mobile, sans cesse fracturée et remodelée par les vents et les courants. En été, comme la mer ne gèle pratiquement pas, la banquise se fragmente en une multitude d'îles de glace flottantes, les floes. Au fil des saisons, les glaces boréales passent de 8 à 15 millions de km² environ. Dans sa partie centrale, la banquise peut faire jusqu'à 4 m d'épaisseur.

Le climat Arctique

Il est difficile de caractériser UN climat arctique. En effet, le Grand Nord englobe différents types de régions où le climat peut être relativement différent d'un endroit à l'autre. Le climat varie en fonction de la latitude (plus ou moins au nord), de la distance par rapport aux côtes (il fait en général plus froid dans les terres), de la présence ou non de courants marins (comme le Gulf Stream qui réchauffe les côtes de la Scandinavie), de l'altitude, des reliefs, etc. Au sein d'une même région, comme dans l'Alaska, il peut ainsi exister plusieurs climats. De plus, dans les régions polaires, le bilan radiatif au sommet de l'atmosphère est déficitaire, c'est-à-dire qu'il y a plus de pertes de chaleur que de gains. Ce phénomène est lié à une déperdition énergétique qui s'explique par :
  • Le rayonnement solaire perd un maximum d'énergie pour atteindre les pôles car la traversée de l'atmosphère se fait toujours plus en biais, donc toujours plus longue au fur et à mesure que l'on se dirige vers les pôles. La quantité d'énergie reçue pour une même surface est donc moins importante dans les régions polaires que dans les régions équatoriales. Ceci est de plus accentué par la rotondité de la Terre et son inclinaison.
  • Ensuite, la neige et la glace jouent un rôle. Alors que la surface de la Terre et l'atmosphère renvoient en moyenne 30% de l'énergie solaire, cette réflexion est accentuée par la blancheur de la neige, qui renvoie vers l'espace 80% de la lumière incidente.
Ces variables influent sur le climat arctique. Un climat qui se caractérise par la disparité de ses saisons, l'inclinaison de la Terre par rapport au Soleil se traduisant dans la majeure partie de la région par l'existence de saisons à la longueur très variable : l'hiver dure environ 9 mois (dont 6 mois de nuit polaire pour les régions les plus au nord), l'été est 3 fois moins long tandis que le printemps et l'automne s'apparentent à des périodes de transition qui n'excèdent pas quelques semaines. À Resolute au Canada (74°N), la période exempte de gel se réduit à 9 jours en moyenne par an ! Aussi rigoureux soit-il, le climat arctique le serait pourtant encore davantage s'il ne profitait de l'apport de chaleur par les courants océaniques et atmosphériques en provenance des régions chaudes. Le climat y est donc plus "clément" qu'en Antarctique.

Les peuples de l'Arctique

Les peuples dits "arctiques" (Inuit, Sâmes, Évenks, etc.) ont développé des modes de vie très adaptés aux conditions de vie difficiles (climat très froid, végétation clairsemée, nuit polaire, etc.). Quoique ces peuples soient répartis sur une surface immense, et que leur nombre soit relativement faible, leurs vêtements, leurs outils, leurs techniques, leur organisation sociale, leurs éléments culturels ont une ressemblance frappante, qu'ils soient originaires de Sibérie, du nord de l'Europe ou de l'Amérique arctique. Néanmoins, ces peuples présentent des différences telles que la sédentarisation/nomadisation, la chasse/l'élevage, les espèces exploitées suivant leur localisation, leur rapports avec les autres peuples, etc.
Les principaux peuples de l'Arctique sont :
  • Les Inuit (ou Eskimos) du nord-est de la Sibérie au Groenland, en passant par l'Alaska et le Canada
  • Les Sâmes (ou Lapons) au nord de la Scandinavie et dans l'ouest de la Russie
  • Les "Petits Peuples du Nord" de la Russie qui regroupent une mosaïque d'ethnies plus ou moins affiliées entre elles (Évenks, Nénetses, Tchouktches, Aléoutes, etc.), et dont les populations sont peu nombreuses (< 50.000 individus)
  • Les Yakoutes (ou Sakhas) en Russie qui ne peuvent être classés dans les "Petits Peuples du Nord" du fait de leur importante population (> 300.000) et dont un grand nombre vit en Sibérie arctique.

La faune et la flore Arctique

La situation géographique et les conditions climatiques sont à l'origine d'un ensemble d'écosystèmes étonnants, sensibles aux moindres variations. Mais malgré ces conditions extrêmes, les régions arctiques, loin d'être désertiques et désertées, offrent une grande diversité végétale et animale.
La flore est principalement représentée par les végétaux composant la toundra qui recouvre le pergélisol.
Ce sol gelé empêche les racines des arbres de puiser en profondeur les éléments nécessaires à leur croissance. C'est pourquoi les arbres sont absents de ces régions. La ligne de démarcation entre les régions boisées et les régions non boisées s'appelle "limite de l'arbre". Elle est souvent utilisée par les naturalistes comme frontière théorique entre l'Arctique et le Subarctique.
La rencontre des courants marins nord-sud fait des mers arctiques des eaux d'une extrême richesse en micro-organismes (plancton et krill), base alimentaire d'Invertébrés et de Vertébrés dont un grand nombre se concentre aux abords des polynies (étendues de mer libre dans la banquise), des chenaux, des côtes libres de glace et aux marges de la banquise.
Les Mammifères, qu'ils soient terrestres ou marins, sont remarquablement bien adaptés au monde arctique.
Ils ont développé des caractéristiques telles que des poils creux, une épaisse couche de graisse ou une augmentation de la taille, qui leur permettent de résister au froid. Les principaux mammifères terrestres sont : l'ours polaire, le renne (ou caribou), le boeuf musqué, le renard polaire, le glouton, le lemming, etc.
Les mammifères marins sont représentés par 6 espèces de phoques, 2 espèces d'otaries et les morses (Pinnipèdes) ; 11 espèces de cétacés à dents (Odontocètes) tels que le béluga et le narval et 8 espèces de cétacés à fanons (Mysticètes) tels que la baleine à bosse et le rorqual bleu qui se nourrissent du krill qui abonde dans les eaux arctiques.
Plus d'une centaine d’espèces d'oiseaux vit dans les régions arctiques, mais rares sont les résidents permanents (faucon gerfaut, chouette harfang, lagopède, grand corbeau, mouette ivoire, etc.).