La banquise du pôle Nord va-t-elle disparaître en été ?

Publié le 05 11 2007

Les observations et les modèles de prévision du climat montrent que le réchauffement n’est pas uniformément réparti sur Terre. Il est plus fort sur les continents que sur les océans, sur l’hémisphère Nord que sur l’hémisphère Sud. Surtout, les régions polaires de l’hémisphère Nord voient leur température augmenter beaucoup plus vite que le reste du monde. Ceci a évidemment des conséquences sur les glaces.

Une forte médiatisation accompagne cette évolution : expéditions mediatico-scientifiques, expériences spectaculaires avec bateaux ou ballons, films d’ours polaires affamés ou de glaciers s’effondrant dans la mer, reportages chez les Inuits, voyages de ministres au Groënland…Ceci a le mérite d’attirer l’attention du public, mais un point objectif doit être aussi présenté.

Les glaces polaires sont de deux types :

  • Les glaciers portés par les continents et les îles, composés d’eau douce. La plus grande masse de glace de ce type dans l’hémisphère Nord recouvre le Groënland.
  • La banquise qui recouvre les mers polaires, composée d’eau de mer gelée.

Ces deux types de glaces évoluent, mais c’est l’évolution de la banquise qui est pour le moment la plus remarquable, et la plus facile à mettre en évidence. En effet, les satellites artificiels suivent régulièrement l’étendue de la surface de mer couverte par la banquise. Ce suivi est accessible sur le site http://nsidc.org/, qui présente en particulier l’évolution saisonnière de la surface de la banquise en 2007. En effet, la surface de la banquise évolue entre l’hiver (extension maximum en fin d’hiver) et l’été (minimum en septembre). La courbe présentée ici représente l’évolution de la surface de glace pendant l’été 2007(en bleu), comparée à la moyenne 1979-2000 (en gris) et à l’année 2005 (en pointillés). Le minimum atteint en 2007, un peu plus de 4 millions de km2, est le plus faible depuis le début des observations systématiques. Il faut noter cependant que tous les hivers, la banquise s'étend à nouveau sur l'ensemble de l'océan glacial arctique.

Le graphique suivant montre l’évolution de la surface de glace pour les mois de septembre successifs, depuis qu’on mesure cette surface par satellite (à la fin des années 1970). On note à la fois une diminution régulière et le caractère exceptionnel de l’année 2007. Cette particularité ne peut cependant pas être attribuée exclusivement au réchauffement global, des phénomènes météorologiques particuliers ayant favorisé la désaggrégation de la surface gelée. Enfin, le dernier graphique est une représentation de la surface de glace en septembre 2007 (à gauche) et septembre 2005 (à droite).

On peut s’interroger sur les conséquences de cette fonte des glaces : conséquences pratiques (on voit sur la dernière figure que des routes maritimes Nord s’ouvrent certaines années en fin d’été), mais surtout conséquences climatiques : la mer libre n’a pas du tout les mêmes propriétés que la glace en ce qui concerne l’absorption du rayonnement solaire, ce qui conduit à de forts changements des échanges d’énergie dans ces régions, et probablement à un réchauffement accéléré. Heureusement, la fonte de la glace de mer n’a pas d’influence sur le niveau de la mer, mais si les glaces continentales commencent à fondre…